Cette traversée se fit sur un rythme decrescendo, le vent nous abandonnant petit à petit. Partis sous des alizés solides nous permettant d’aligner des moyennes quotidiennes entre 6.5 et 7 nœuds (soit environ 300 km par jour), le vent mollit au cours de la traversée, jusqu’à nous abandonner, nous poussant à finir ce voyage au moteur. Certes étourdissant de bruit et de vibration, cette fin est toujours plus enviable que d’affronter une dépression remontant de la mer de Tasmanie, celles-ci pouvant encore être bien violentes pendant le printemps austral. Les températures chutant à chaque nuit pendant les derniers jours nous ont vite fait comprendre que nous avions quitté les Tropiques et, pour la première fois en plus de 3 ans, retrouvé les latitudes tempérées. Si cette navigation n’a pas aussi été musclée que nous l’anticipions, elle fut plutôt gastronomique : Deux beaux thons attrapés en début et fin de traversée nous ont offert d’excellents sashimis et les conditions clémentes en deuxième partie de traversée nous ont permis de cuisiner certaines denrées pouvant être confisquées par les agents de la biosécurité Néo-Zélandaise. Pour la première fois, nous nous sommes même offerts un souper avec table et nappe dans le cockpit, au beau milieu de l’océan.
En cours de Français du CNED, Phoebé étudie ces derniers temps différents styles littéraires, parmi lesquels les Haikus, courts poèmes Japonais en 3 vers. Elle se prête volontiers à ce jeu et commence à en composer quotidiennement dans son journal. Ne ratant pas une occasion de jouer avec des mots, je me joins à elle et c’est donc sous forme de Haïkus que je vous conterai cette traversée vers la Nouvelle-Zélande. Avant de vous les livrer, je dois d’abord m’excuser auprès des puristes : Le CNED a présenté les Haïkus comme étant composés de 18 syllabes alors qu’en réalité, ils ne doivent en comporter que 17. Honte sur les professeurs du CNED qui n’ont pas bien fait leurs devoirs. À quand une directive ministérielle autorisant l’utilisation de Wikipédia pour préparer les cours ?
Olivier |
Phoebé |
|
Lundi |
Adieu Tonga, Royaume turquoise Dernier regard sur le bleu du lagon |
Aujourd’hui, sur les flots en furie, J’ai vomi sushis et sashimis |
Mardi |
Déjeuner acrobatique Enrouleur et manivelle La mer est belle |
Belle mer calme, Ciel bleu pâle dégagé, Oiseau de mer qui s’envole |
Mercredi |
Brise généreuse Korrigan galope dans la houle L’étrave écumeuse |
Etoiles sous-marines, Froissement de l’écume blanche, Doux bruit des vagues |
Jeudi |
Longues glissades océaniques Horizon clair sans trafic, pas d’panique ! |
Le soleil couchant Laisse trainer derrière lui Un rideau de pénombre |
Vendredi |
Soleil couchant Nuages flamboyants Etoile du Sud au firmament |
L’écume jaillit Le vent froid fouette la figure Les étoiles brillantes défilent |
Samedi |
Mer d’huile symphonie mécanique Souper gastronomique dans le cockpit |
Ciel sans nuages Parsemés d’étoiles brillantes Fin croissant de lune clair |
Dimanche |
Collines d’eau qui déroulent Fou planant ras la houle Les enfants dorment en boule |
Le halo de la lune Se reflète comme un chemin Sur les flots mouvants |
Lundi |
Vent faible et temps gris Derniers miles infinis Où es-tu pays Kiwi ? |
Silhouette d’un gros bateau, La mer est plate, le vent parti, La terre est encore loin |
Mardi |
Silhouette inconnue se devoilant Au soleil levant Froid mordant |
Lever du soleil sur les montagnes, Vent gelé, Enfin arrivés ! |
J’adore :
Le soleil couchant
Laisse trainer derrière lui
Un rideau de pénombre
et bon 2e :
Aujourd’hui,
sur les flots en furie,
J’ai vomi sushis et sashimis
Ce sont aussi les 2 qui m’ont marque. Bravo “Soleil couchant”! Et le 2ieme trop drole et belles rhymes – drole et eloquent.